samedi 27 septembre 2008

Chronique de lecture hebdomadaire: Le photographe et Naruto

Cette semaine...

Je recommande l'album: Le photographe par Guibert, Lefèvre et Lemercier. Un très bel ouvrage qui me rappelle beaucoup les Chroniques birmanes de Delisle (même si Le photographe est paru avant). Didier Lefèvre, un photographe, se rend en Afghanistan (alors plongé en pleine guerre avec les Soviétiques) où Médecins sans frontières lui a commandé un reportage. Il suit une expédition de médecins pendant plusieurs mois, devant traverser une chaîne de montagnes clandestinement, en caravane d'ânes, à l'insu des Russes et accompagnés de guerriers Moudjahidines. Y'a pas à dire, c'est l'aventure d'une vie. Didier est alors témoin des atrocités de la guerre, de la dévotion des médecins, de l'accueil chaleureux des habitants de la mission de MSF. L'album est un mélange des photos prises par Lefèvre pendant son voyage mais aussi d'un scénario et d'illustrations de bd plus "traditionnelle". Il y a trois tomes. Je n'ai pu mettre la main sur les deux premiers. J'espère trouver le troisième bientôt. Avis aux intéressés, Dupuis Aire Libre vient de faire paraître une édition intégrale.


Les livres que je lis sont: (études universitaires obligent) Louis Lambert de Balzac, Les Anciens Canadiens de Philippe Aubert de Gaspé, Le rapport Durham de Lord Durham. Rien de bien excitant ni de recommandable quoique le rapport Lord Durham est intéressant, dans une perspective historique. En bd, je viens de terminer l'intégrale de Cinémastock d'Alexis et Gotlib (ce truc est vraiment pissant de rire) et le premier tome des Moomins, Moomin and the Brigands de Tove Jansson (j'ai lu la traduction anglaise, publiée en version de luxe chez l'éditeur canadien Drawn and Quaterly).


Les publications que j'ai entre les mains et que je lirai sous peu: Un numéro de Shonen Jump, la version nord-américaine du magazine de Naruto. La publication se lit de droite à gauche (c'est fou ce que c'est exotique pour une Nord-Américaine) et contient des extraits de Naruto en prépubliation. Comme il est traduit et imprimé aux États-Unis (en anglais, évidemment), ce magazine est beaucoup moins cher ici que le sont les publications européennes telles que Fluide glacial, L'écho des savanes ou Psikpat. À noter que les mags européens sont également presque introuvables (mais j'ai mes contacts, héhé). J'ai également le dernier numéro de Safarir mais j'ai la flemme de le lire. Je trouve que ce magazine empire à chaque numéro (et zut, j'y suis abonnée).









Je salive en pensant à: la publication, en novembre prochain du nouveau Thorgal (qui aura pourt titre Le bouclier de Thor) de Sente et Rosinksi et du nouveau Largo Winch. Comme l'indique la bannière du blog, ci-haut, j'ai un véritable penchant pour ces deux séries (et pour tout ce que fais Jean Van Hamme en général). Voilà, la vérité est sortie, j'aime ce genre de bd commerciale aussi. Tout le monde a droit à son péché mignon.



dimanche 21 septembre 2008

Animer la mort: When the Day Breaks

Pour revenir sur mon sujet d'hier, le Festival d'animation d'Ottawa, j'ai choisi d'afficher le court-métrage qui m'avait plu le plus parmi ceux que j'ai visionnés. Il s'intitule "When the Day Breaks" (peut être traduit en quelque chose comme "À l'aube du jour"). Il a été diffusé au festival dans le cadre d'un évènement consacré à l'animation canadienne provenant des villes de Calgary et d'Halifax. (Vous allez voir, avec le hockey, c'est vraiment typiquement canadien). C'est un film réalisé en 1999 par Amanda Forbis et Wendy Tilby d'environ 10 minutes. Même si le titre est anglais, le film est surtout muet. Ce film m'avait plu parce qu'il était simple et touchant. Je trouvais également les plans très originaux. (Le clip vidéo, trouvé sur Youtube, est de mauvaise qualité, malheureusement.)

samedi 20 septembre 2008

Kiki et l'animation

Cette semaine, j'écris un mot rapide pour dire deux choses:

1. Le Festival d'animation d'Ottawa: Oyez oyez à tous les amateurs de films d'animation (qui sont souvent aussi, comme moi, des amateurs de BD). Ce week-end se déroule la 33e édition du Festival d'animation d'Ottawa. Alors pour tous ceux qui sont dans le coin, ne ratez pas cette occasion. Il s'agit du plus grand festival d'animation en Amérique du Nord! (Et, à ce qu'il paraîtrait, le deuxième en importance au monde. D'ailleurs, quand on connaît bien les contributions canadiennes dans le monde de l'animation, ce n'est pas surprenant que ce genre de festival se tienne chez nous. Après tout, où serait l'animation moderne sans les studios Pixar, originaires de Montréal? Mais bon, fin de la minute patriotique). Bien sûr, si vous êtes un fan, un vrai, vous savez qu'il ne s'agit pas d'un festival pour enfants à la Disney. Il s'agit plutôt d'une veine dans laquelle les amateurs de Persepolis se rertrouveront (je cite ce film au risque de faire cliché car c'est un des rares films d'animation artistique pour adultes, avec les Triplettes de Belleville, qui aie connu un succès critique et commercial considérable).

Personellement, j'y suis allée hier, et j'ai visionné une série de courts-métrages canadiens. Certains étaient drôles, d'autres tragiques et touchant, d'autres absurdes et d'autres tout simplement déstabilisants (ça allait du très macabre au psychédélique). Tout ça pour dire que chacun peut y trouver son compte et que le résultat est pour le moins intriguant.

Il y avait également une série de films d'animation japonaise qui avaient l'air vraiment super (dont une adaptation de Kafka) mais faute de temps je n'ai pu y assister.

Bref, si ça vous intéresse, les films sont à l'affiche un peu partout en ville: au Bytowne (bien sûr) mais aussi au Musée canadien des civilisations, au cinéma Empire du Centre Rideau, au Musée canadien des beaux-arts, à la Cour des Arts etc.

Je vous laisse deux liens:

a) Le site officiel du festival avec toutes les info pertinentes pour ceux qui désirent y participer.

b) Un article intéressant qui décrit l'importance, la programmation et l'histoire du festival dans La Rotonde, le journal étudiant français de l'Université d'Ottawa


2. Kiki de Montparnasse: Il s'agit du livre que je recommande cette semaine. Je viens de terminer cet album qui figurait au palmarès officiel du Festival d'Angoulême 2008 (il s'agissait de l'Essentiel FNAC SNCF). Ce roman graphique, qui décrit la vie d'Alice Prins, devenue célèbre en tant que modèle de tableaux et de photos (celles de Man Ray, par exemple), mais aussi en tant que chanteuse, peintre et comédienne durant l'entre-deux guerres. On la surnommait Kiki, la reine de Montparnasse. Femme courageuse et libérée, elle fréquentait les grands artistes de ce temps: Robert Desnos, Tristan Tzara, Jean Cocteau pour n'en nommer que quelques uns. Ses mémoires furent même traduits par Ernest Hemingway. Si vous avez quelques heures de libres et que réussissez à mettre la main sur cet ouvrage volumineux, je peux vous assurer que vous ne regretterez pas cette lecture.

Un dernier lien: Le livre sur le site du Festival.

samedi 13 septembre 2008

Le génie d'un Enki Bilal

Enki Bilal est de loin mon bédéiste préféré. Paradoxalement, c'est plutôt à travers le cinéma que j'ai été initiée à son oeuvre. Un soir où je zappais bêtement devant la télé, je suis tombée sur des extraits d'Immortel ad vitam. Le lendemain, intriguée par ce que j'avais vu, je fais des recherches sur Internet et j'apprends que ce film est une adaptation de la Trilogie Nikopol.

Je me suis donc mise à chercher une copie de ce film étrange et fascinant et, accessoirement, je me suis mise à lire la Trilogie Nikopol. Les trois livres de la trilogie, La foire aux immortels, La femme-piège et Froid équateur sont excellents. Le premier tome est surtout politique et le récit est structuré de façon logique: Nikopol, un prisonnier politique, est manipulé par Horus pour prendre le contrôle du gouvernement de la cité-État de Paris. C'est une sorte de combat entre les ultra-fascistes et les sociaux-démocrates dans un univers dystopique mêlé de mythologie égyptienne. Dès le deuxième tome, on dénote immédiatement une coupure. L'intrigue politique est évacuée pour faire place à l'histoire confuse d'une Jill Bioskop en délire. La structure de cet album est aussi belle que déstabilisante. Finalement, Froid Équateur est une sorte de compromis entre les deux premiers tomes. Une trame narrative logique est présentée (Niko, fils de Nikopol, cherche à retrouver Jill Bioskop, disparue sans laisser de traces après un drame étrange). Mais à ce récit linéaire se mélange les buts confus d'un Nikopol désormais incapable de s'exprimer en raison d'une logique et d'une langue complètement disloquées. Le tout se déroule dans une Équateur City sous l'emprise inquiétante d'un conglomérat économique.

Dans cette série, Bilal se distingue autant pour la beauté de ses images que l'atmosphère languissante qui se dégage de son scénario. À ceci se mêle un spleen baudelairien remarquable évoqué à l'aide d'extraits des Fleurs du mal. Je dois admettre que cette oeuvre a complètement bouleversé mon approche de la BD car j'ai compris que le neuvième art pouvait produire de la grande littérature. On y ressent une véritable essence.

J'ai cru qu'avec la Trilogie Nikopol, Bilal avait atteint la perfection en BD. Mais j'avais tort car avec sa série suivante, la Tétralogie du Monstre, l'auteur s'est avéré encore plus sublime. Cette fois-ci, il tente d'exorciser ses souvenirs de la guerre en Ex-Yougoslavie à travers le destin de trois humains, Nike, Leyla et Amir, nourrissons et voisins de lit pendant la guerre qui, une fois adultes, se cherchent. L'album aborde l'obscurantisme religieux, l'art moderne, la mémoire, la guerre et l'amour sous un angle complètement neuf. Encore une fois, il s'agit moins de comprendre logiquement une histoire que de se laisser enivrer par un scénario à la fois onirique, amer et tendre. La poésie de Baudelaire qu'on avait inséré dans la Trilogie Nikopol a été remplacée, cette fois-ci, par un dialogue minimaliste, épuré et poétique en lui-même. C'est comme lire de la poésie en prose. Avec cette tétralogie, Bilal se surpasse aussi dans le dessin. Il nous présente, cette fois-ci, des planches "salies" où les traits de pinceaux nous illustrent un monde trouble, flou, brumeux. Il est désormais difficile de discerner des frontières entre la réalité représentée et les fantasmes des personnages (à moins qu'il ne s'agisse des fantasmes de l'auteur lui-même). Quoi qu'il en soit, avec cette série, Bilal nous offre du grand art, autant au niveau de l'écriture que du dessin.

à part ces deux grandes oeuvres majeures, Bilal a réalisé nombre d'autres albums superbes. Je me suis récemment mise à lire ses premières oeuvres, pour la plupart réalisées avec le scénariste de science-fiction Pierre Christin. La première grande série du tandem Bilal-Christin serait la trilogie des Légendes d'aujourd'hui qui regroupe trois volets: La croisière des oubliés, Le vaisseau de pierre et La ville qui n'existait pas. Avec ces albums datant des années 1970, Bilal et Christin ont proposé un genre fantastique moderne capable de combiner l'imagination et la science-fiction avec le climat de la France d'alors. C'était l'époque des grandes idéologies politiques et ce sont ces idéologies qui empreignent les trois albums. On brosse le portrait de sociétés ouvrières, de paysans sans avenir ou encore de pêcheurs menacés. Mais le regard des auteurs parvient à rester critique: pour eux, il est clair qu'il s'agit de fiction et de fantastique.

Dans une veine semblable, Pierre Christine et Enki Bilal ont également livrés deux albums, Les phalanges de l'Ordre noir et Partie de chasse, qui abordent avec nostalgie les idéologies du passées. Cependant, il ne s'agit pas, dans ce contexte, de science-fiction. Dans les Phalanges de l'Ordre noir, d'anciens soldats (il s'agit presque de vieillards) qui avaient rejoints les bataillons internationaux, pendant la guerre de civile espagnole, se réunissent afin de lutter contre leurs rivaux franquistes qui ont récemment repris du service. Ces derniers forment une milice, Les Phalanges de l'Ordre noir, qui, au nom d'un faschisme et d'un christianisme violent, perpétuent des massacres et des attentats terroristes en Europe. Dans Partie de chasse, d'anciens militants communistes des pays de l'Est se réunissent pour une partie de chasse qui, finalement, n'est qu'un meurtre politique déguisé. Dans les deux cas, le message des auteurs est clair: le temps des grandes idéologies est révolu. Les militants, qu'ils soient communistes, franquistes ou encore démocrates sont nostalgiques et désillusionnés par la tournure des évènements, à l'approche de la fin du siècle.

Par après, Bilal s'est mis à travailler sur des albums de science-fiction à saveur satirique. Dans Mémoires d'outre-espace, album où il est, cette fois, scénariste et dessinateur, Bilal se sert d'un décor de space-fantasy pour rire des troubles politiques de l'époque. Les régimes, démocratiques ou totalitaires ne sont pas épargnés dans leurs conquêtes de peuples et de territoires. L'humour noir et l'ironie sont souvent au rendez-vous. Plusieurs clins d'oeil sont d'ailleurs lancé à Stanley Kubrick, qu'il s'agisse d'allusions à Doctor Strangelove ou encore à 2001 Space Odyssey. La guerre froide se fait bien sentir dans ces albums.

Bilal fait également de l'illustration de livres. C'est le cas, par exemple pour Un siècle d'amour, un superbe recueil de nouvelles poétiques que j'ai découvert par hasard à la bibliothèque. Dans ce livre, Dan Franck, l'auteur et Bilal, le dessinateur rendent hommage aux femmes du vingtième siècle. Elles sont révolutionnaires bolchéviques en Russie, victimes de Guernica, travailleuses à New York en 1939, pinanistes fuyant les progroms, militantes pour les droits des Noirs aux États-Unis, ballerines à Sarajevo en 1914, victimes de la bombe d'Hiroshima ou bien elles tentent de traverser le mur de Berlin . Elles sont évoquées avec respect et tristesse. Cet ouvrage est magnifique.

Il existe plusieurs autres albums ou livrent illustrés d'Enki Bilal que je n'ai pas encore lus mais je tenais à partager les lectures que j'ai faites. Chacune d'entre elles m'a convaincu que la BD peut être un grand art et que Bilal est sans doute l'un des plus grand artistes contemporains.

Je vous laisse avec ce lien d'un site amateur en hommage à Bilal. C'est de loin le meilleur site que j'ai vu à son sujet. Il est également dans les liens, à gauche, depuis longtemps.

http://bilal.enki.free.fr/oeuvres.php3?quelles_oeuvres=albums


Pour lire un article déjà paru sur ce blog à propos d'Immortel ad vitam, cliquez ici.

samedi 6 septembre 2008

Karoutcho!

C'est la rentrée, je suis occupée et j'ai pas grand chose à dire sinon que...

Manu Larcenet annonce sur son blog qu'il vient de terminer le cinquième tome du Retour à la terre (YES!). Alors, avec un peu de chance, on devrait avoir ça pour bientôt.

Le lien: http://www.manularcenet.com/blog/?p=915



C'est tout. Comme on dit en anglais, "short and sweet".

>>>> Edit: Le tome 5 aura pour nom: Les révolutions. Pour voir la page couverture, cliquez ici.